Janvier - Actualités créatives
- Lucas TASTET
- 31 janv.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 mars
Janvier marque le début d’un nouveau cycle, un moment où les tendances émergent et où les lignes artistiques se redessinent. Entre réinterprétation du passé et expérimentations contemporaines, designers et créateurs dévoilent des projets qui captivent par leur vision et leur audace.
Architecture, design, collaborations inattendues : ce début d’année s’ouvre sur des inspirations riches et contrastées, où chaque création raconte une histoire et affirme une esthétique singulière.
Isern Serra - Studio Barcelonais
À Barcelone, le designer Isern Serra a repensé son studio pour en faire un espace à la fois fonctionnel et inspirant. Pensée comme un lieu où chacun peut se sentir « vraiment à l’aise et libre de créer », cette rénovation joue sur la fluidité des volumes et l’équilibre entre sobriété et caractère.
L’espace s’organise en deux zones distinctes : d’un côté, un vaste open space dédié au travail ; de l’autre, des espaces plus intimes, comme une salle de réunion, une cuisine conviviale et un salon propice à la détente. La transition entre ces univers se marque subtilement par un changement de niveau du sol. Chaque pièce possède sa propre identité, tout en s’inscrivant dans une harmonie d’ensemble : une fenêtre ronde structure le salon, une arche ouvre la salle de réunion, et des chaises dépareillées apportent du relief à la cuisine.
Au-delà de sa fonction de bureau, ce studio se veut un lieu d’échanges et de rencontres, accueillant conférences et expositions. Un projet qui incarne parfaitement la philosophie d’Isern Serra : créer des espaces qui mêlent esthétique épurée et atmosphère vivante.
Crédits : Isern Serra
Auguste Perret - Appartement parisien Ce dimanche 26 janvier, Simon Porte Jacquemus a présenté sa nouvelle collection printemps-été 2025, « Croisère », dans l’appartement parisien d’Auguste Perret. Un lieu hautement symbolique, reflet de la vision novatrice de l’architecte et de son approche radicale des matériaux.
En 1932, Auguste Perret imagine et fait construire un immeuble au 51 rue Raynouard, dans le 16ᵉ arrondissement de Paris. Pionnier du béton armé, il en explore ici tout le potentiel, non seulement en tant qu’élément structurel, mais aussi comme une composante esthétique à part entière. Ce matériau, qu’il élève au rang d’art, lui permet d’expérimenter des volumes libres et de repenser la relation entre espace et lumière.
Son appartement privé, situé au septième étage, est une démonstration parfaite de cet équilibre entre rigueur et sophistication. Si le béton brut domine, il est adouci par l’usage de bois chaleureux, de mosaïques aux motifs géométriques, et d’un mobilier intégré aux lignes épurées. L’ensemble est ponctué de miroirs et d’appliques sculpturales, jouant avec la lumière pour magnifier les textures et les proportions.
Ce projet ne se limite pas à une prouesse technique : il incarne une nouvelle manière de concevoir l’habitat moderne. Entre minimalisme structurel et richesse des détails, l’appartement d’Auguste Perret reste un manifeste de son génie, où chaque élément dialogue avec l’autre pour créer un espace intemporel, à la fois fonctionnel et poétique.
Crédits : AD Magazine, Jacquemus
JB Blunk x J. Hannah- Collection sculpturale Si JB Blunk est surtout connu pour ses sculptures monumentales en bois et ses céramiques brutes, son talent s’étendait bien au-delà. Dès les années 1950, après un séjour marquant au Japon où il a appris la sculpture auprès du maître céramiste Rosanjin Kitaoji, il commence à expérimenter avec la joaillerie. Il crée alors des bijoux uniques, initialement destinés à ses proches, qu’il conçoit comme des prolongements miniatures de son travail sculptural. Chaque bague, chaque pièce, est pensée comme une forme organique, ancrée dans la matière et le geste de l’artiste.
Récemment, le JB Blunk Estate a collaboré avec la designer de bijoux J. Hannah pour donner une nouvelle vie à quatre de ses bagues emblématiques, en restant fidèle aux formes et textures originales. Parmi elles, on retrouve “Muse”, inspirée d’une bague réalisée en 1974 pour sa partenaire Christine Nielson, qui l’a portée comme alliance, et “Continuum”, sculptée en 1975 à partir d’un morceau d’ivoire. Ces bagues témoignent de la sensibilité artistique de Blunk : des formes fluides et asymétriques, une esthétique brute mais raffinée, où chaque courbe semble façonnée par le temps et la main de l’artiste.
Plus qu’un simple bijou, chaque bague incarne une philosophie du design où matière et forme dialoguent naturellement. Comme ses sculptures, ces créations jouent avec la lumière et l’espace, offrant une présence presque architecturale à l’échelle du corps. En rééditant ces pièces intemporelles, le JB Blunk Estate et J. Hannah rendent hommage à l’héritage de l’artiste, offrant une opportunité rare de porter une œuvre d’art à même la peau.
Crédits : Blunk Studio
Axel Chay x Aurélien Pradier-Jeauneau - Collection Calade Présentée lors du PAD Paris 2024, la collection Calade est le fruit de la collaboration entre le designer Axel Chay et la galerie Pradier-Jeauneau, spécialisée dans le design français contemporain. À travers cette série de mobilier, ils explorent un équilibre entre formes sculpturales et matériaux bruts, tout en insufflant une certaine douceur aux volumes.
La collection comprend un canapé aux courbes organiques, une bibliothèque totem, des tabourets massifs, ainsi que des tables basses et luminaires. Chay joue avec une palette de matériaux contrastés – bois patiné, métal laqué, pierre brute et tissu texturé – créant un dialogue entre minéralité et chaleur. Chaque pièce s’impose par sa présence architecturale tout en conservant une fluidité visuelle.
Le nom “Calade”, inspiré des ruelles pavées du sud de la France, reflète l’ancrage méditerranéen du designer. Les références au mobilier urbain, à l’architecture brutaliste et aux paysages minéraux sont évidentes, mais adoucies par un jeu de courbes et de proportions. Cette fusion entre rigueur et sensualité donne naissance à un mobilier aussi fonctionnel que sculptural.
Fabriquée avec un savoir-faire artisanal d’exception, cette collection témoigne de l’engagement de Chay et Pradier-Jeauneau à repousser les frontières entre design et art. Calade incarne une vision contemporaine audacieuse où l’expérimentation formelle dialogue avec un héritage méditerranéen affirmé.
Crédits : Axel Chay
Aesop - Boutique Avenue des Ternes
Aesop dévoile sa nouvelle boutique au 46 Avenue des Ternes, dans le 17ᵉ arrondissement de Paris, conçue en collaboration avec l’architecte suisse Jakob Sprenger. Fidèle à son approche architecturale, la marque mêle ici patrimoine et minimalisme contemporain.
Au centre de l’espace trône une vasque sculpturale monumentale, invitant à découvrir les soins emblématiques d’Aesop. Le sol, en tomettes hexagonales en terre cuite récupérées, ajoute une patine artisanale, tandis que les murs aux teintes profondes enveloppent l’espace d’une atmosphère feutrée. Les moulures d’époque retrouvées au plafond, volontairement laissées brutes, apportent une touche historique, contrastant avec l’épure du mobilier et la chaleur du bois.
Une Armoire à Parfums met en avant les fragrances de la maison, et une vasque individuelle permet aux clients d’essayer les produits sur leur peau, prolongeant l’expérience sensorielle signature d’Aesop.
Entre héritage architectural et design immersif, cette nouvelle adresse incarne la philosophie de la marque : créer des espaces où le temps suspend son cours.
Crédits : Aesop
Ces projets, qu’ils s’inscrivent dans une démarche patrimoniale, expérimentale ou artisanale, illustrent une tendance forte de ce début d’année : celle d’un design qui revisite le passé tout en explorant de nouvelles matières et formes. Que ce soit à travers l’architecture intemporelle d’Auguste Perret, les sculptures portables de JB Blunk ou les créations immersives d’Aesop, chaque initiative façonne une vision où l’audace dialogue avec l’héritage.
Un début d’année marqué par des gestes forts, où l’innovation se nourrit de la mémoire, et où le design continue de réinventer notre manière d’habiter, de contempler et de ressentir.
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